Car avoir une armée est peut-être pratique, mais ce n’est pas obligatoire.
Même en période de crise économique mondiale et de réduction des budgets nationaux, de nombreux pays s’accrochent à leurs forces militaires. Pour la plupart des États, les dépenses de défense sont considérées comme une nécessité inévitable pour protéger leurs citoyens.
Mais que se passerait-il si les armées n’étaient pas nécessaires ?
Les profils de ces pays varient considérablement, et leur nombre total dépend de la manière dont les États et les armées sont définis, mais la plupart sont de petites nations sans aucune capacité militaire. Il s’agit notamment d’Andorre, du Costa Rica, du Liechtenstein, du Vatican, de Samoa, de Nauru, de Kiribati et d’autres petites îles-États.
Il y a actuellement 23 pays dans le monde qui n’ont pas d’armée, et ils semblent s’en sortir très bien.
En outre, une demi-douzaine de pays sans armée permanente maintiennent des forces de sécurité paramilitaires limitées pour assurer leur protection. Il s’agit notamment de l’Islande, d’Haïti, de Monaco, de l’île Maurice, du Vanuatu et du Panama. Le fait d’être un État démilitarisé peut sembler être une panacée pacifique, mais la plupart de ces nations ont choisi de se passer de forces armées pour des raisons très pragmatiques, et non pour des idéaux de flower-power.
Beaucoup de ces pays se sont constitués sans armée au moment de leur indépendance – notamment les États fédérés de Micronésie, Palau, Samoa et Tuvalu – et n’ont donc pas jugé nécessaire de créer une armée, étant donné leur petite taille et l’absence d’ennemis étrangers.
D’autres pays – Haïti, Grenade, Panama, Costa Rica – ont subi un processus de démilitarisation complet. La meilleure illustration est le Costa Rica, qui a dissous son armée en 1948 après un conflit interne court mais sanglant, et cette décision a été intégrée dans la constitution du pays.
En 1990, le Panama a fait de même, en démantelant son armée après l’invasion américaine visant à destituer le dictateur militaire du pays, Manuel Noriega. Leur appareil de sécurité publique, les Forces publiques panaméennes, conserve toutefois certaines capacités de guerre.
Pour beaucoup de ces pays, l’absence d’armée est une source de fierté nationale, et cela a même aidé certains d’entre eux à assumer des rôles de pacificateurs internationaux. Le Costa Rica, par exemple, abrite le siège de l’Université pour la paix des Nations unies, et l’Islande, par le biais de son unité de réponse aux crises, participe aux efforts de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine et en Palestine.
Le fait de ne pas avoir d’armée libère également un pourcentage important du budget national qui peut être alloué à d’autres secteurs publics, tels que la santé et l’éducation. Alors que les dépenses de défense représentent 3,8 % du PIB des États-Unis et 4,1 % de celui de la Russie, elles s’élèvent à zéro pour le Costa Rica et le Panama. Et même si l’on tient compte des autres forces de sécurité, telles que les patrouilles frontalières, les garde-côtes et la surveillance aérienne, le Costa Rica consacre moins de 0,05 % de son PIB par an à la sécurité.
Néanmoins, se passer d’une armée comporte évidemment des risques, et nombre de ces nations sans armée ont conclu des accords de protection avec des pays plus importants. L’Islande, par exemple, est sous l’aile de l’OTAN, et différents États membres se relaient pour garder l’espace aérien islandais. Monaco est protégé par la France, l’Italie veille sur le Vatican et Andorre a été assez intelligente pour signer un accord de protection en cas d’invasion avec ses deux voisins, la France et l’Espagne.
Il est donc possible et économiquement avantageux de ne pas avoir d’armée, surtout pour les petites nations, mais ce n’est pas nécessairement la meilleure solution pour tous les pays.
Source OZY.